Focalisée sur les thèmes de la mémoire et de la perte, la recherche d’Alessandro Vicario n’est pas vouée à ennoblir formes et objets de la vie quotidienne à travers la photographie, mais à réorganiser les traces et les indices du passé à travers lesquels on peut arriver à reconstruire une histoire, qu’elle soit un évènement historique ou la vie d’une personne. Grâce à une méthode rigoureuse qui prévoit la reproduction frontale et préfère le bidimensionnel à la profondeur de champ, l’artiste transforme les fragments du réel en signes photographiques avec le but de les sauver de la destruction vers laquelle ils seraient forcément destinés. Les oeuvres d’Alessandro Vicario révèlent une grande force évocatrice et se caractérisent par l’absolue précision du détail et, en imposant au spectateur leurs présences physique par le moyen d’une impression à l’échelle du sujet, nous obligent à imaginer leur contexte, les usages et les relations qui ne sont pas intrinsèques à l’oeuvre mais seulement suggérés. “Fragments domestiques entre mémoire et oubli “(Domestic Fragments, between Memory and Oblivion) est née d’une urgence émotionnelle et de l’exigence de retenir quelque chose qui était en train de partir ; le travail est réalisé à l’intérieur de la maison de la grand-mère paternelle décédée récemment. Les repères visuels qu’Alessandro Vicario prélève des ambiances nous renvoient à des personnes et des événements passés et reconstituent d’authentiques archéologies personnelles exposant le regard à une absence douloureuse. En revanche, on retrouve dans les signes laissés par le temps et dans un espace désormais presque complètement vide, les éléments essentiels qui permettent à l’artiste d’affirmer sa propre identité.